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Profitez d'une expérience simplifiée
Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreJouer le rôle d'une banque sans en respecter la réglementation ne peut que conduire à la faillite. Le projet de
création de monnaie du fondateur de Facebook, du fait de son nombre d'utilisateurs potentiels, fait ainsi
courir un risque systémique global à l'économie.
Tout le monde connaît plus ou moins les exploits de John Law. En 1716, le financier écossais est autorisé
par un édit du Régent à créer une banque privée, la Banque générale, qui deviendra ensuite la Banque
royale. Le capital est levé par appel à l'épargne publique, les actionnaires n'ayant à verser en espèces
métalliques qu'un cinquième de la valeur des titres et bénéficiant d'un dividende garanti de niveau élevé.
Charles Ponzi, inventeur dans les années 1920 de la pyramide de même nom, avait donc eu un illustre
prédécesseur.
Un an plus tard, en 1717, la Banque émet pour la première fois des « billets de banque », c'est-à-dire de la
monnaie-papier dont la conversion en or est garantie par le capital ainsi constitué et l'encaisse métallique
correspondante. Bien entendu, l'appât du gain fit que la quantité de monnaie émise ne cessa d'augmenter,
jusqu'à représenter rapidement au moins quinze à vingt fois l'or et l'argent en dépôt. En 1720, les ennemis de
John Law, personnages importants de la cour et gros possesseurs de billets, se donnèrent le mot pour en
demander simultanément la conversion. La confiance disparut, la masse des déposants se présenta à
l'échange rue Quincampoix et la banqueroute fut retentissante. Quatre ans pour passer de la gloire inventive
à la faillite !
John Law est en train de réapparaître. Son incarnation contemporaine s'appelle Mark Zuckerberg et la
monnaie qu'il envisage de créer, le libra. Simplement, là où le premier avait des ambitions nationales, celles
du second s'étendent au monde entier. Le risque systémique n'en sera que plus élevé.
Fort des deux milliards de clients de Facebook, Mark Zuckerberg aurait pu se contenter de créer une ou
plusieurs banques, en utilisant partout des monnaies existantes. Rien ne pourrait l'empêcher de développer,
à partir de ces établissements et au profit de ses clients, un vaste système digitalisé et international de
transferts d'argent et de paiements, leur assurant ainsi un service de grande qualité. Cela ne lui suffit pas, il
veut créer sa propre monnaie. Pour quelles raisons ?
La réponse est simple dans son principe. Il est, comme tous les grands conquérants, à la recherche de
toujours plus de pouvoir et de capacité d'enrichissement, ce qui implique qu'il garde une totale liberté de
manoeuvre. Ouvrir une banque, c'est devoir y mettre les quantités de fonds propres exigées par le
régulateur, c'est surtout voir les ratios imposés à la profession entraver la libre utilisation des sommes
déposées par les clients. Etre banquier de dépôt et seulement cela, c'est donc se résigner à l'exercice d'un
métier très contraint, et par conséquent peu rentable.
D'où l'invention du libra, monnaie privée qui échappe à la souveraineté des Etats et de leurs banques
centrales. Le billet de banque de John Law était censé représenter de l'or (la « vraie monnaie »), le libra de
Mark Zuckerberg un panier précisément défini de devises, c'est-à-dire de monnaies souveraines, chacune
garantie par son Etat d'émission (« les vraies monnaies »). Mais le libra, lui, n'en est qu'une représentation.
Aucun risque pour les porteurs, dira Mark Zuckerberg, comme John Law en son temps, puisque le libra est à
tout instant librement convertible. Encore faut-il que la ressource soit disponible. Une seule méthode
permettrait d'en avoir l'assurance absolue : que le stock de devises constitué (l'équivalent de l'encaisse-or)
soit continûment égal à la valeur totale des libras émis (le stock de billets). Certes, mais avec un tel système,
les gains de nos géniaux inventeurs demeureraient nuls. Tel n'est évidemment pas l'objectif poursuivi.
Mark Zuckerberg constatera donc avec délectation, surtout pendant la phase initiale de croissance du
système, que les libras nouvellement émis font plus que compenser ceux dont la conversion est demandée.
Ponzi est à nouveau en route. L'encaisse constituée en devises s'avère très largement inutile. On va donc
l'utiliser pour procéder à des investissements rémunérateurs, c'est-à-dire plus risqués et surtout moins
liquides que des monnaies à vue. L'expérience montre que ce genre d'acrobatie, rationnelle dans son
principe, est toujours poussée trop loin, jusqu'à la faillite : on tire sur la réserve de sécurité jusqu'au moment
où elle tombe en dessous du seuil critique. Toute pyramide de Ponzi finit par s'écrouler, soit par suite d'un
mauvais choix des actifs, soit parce que sa structure devient trop illiquide pour absorber les variations de la
conjoncture. Telle est la raison pour laquelle tous les métiers où l'on recueille de l'argent exigible à vue pour
le placer en investissements plus ou moins longs, qu'il s'agisse de banque ou d'assurance, sont étroitement
régulés. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas l'occurrence de crises majeures (écroulement de Wall Street en
1929, faillite de Lehman Brothers en 2008) dès lors que le système de régulation présente des failles.
En bref, Mark Zuckerberg peut devenir banquier et se plier aux règles correspondantes, qu'il conviendra
d'ailleurs de durcir pour les adapter à une clientèle de déposants par nature complètement mondialisée. Mais
il faut purement et simplement interdire le libra, monnaie privée potentiellement porteuse d'un risque
systémique à l'échelle du globe.
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