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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreLa cryptodevise lancée par le réseau social s'est attiré les foudres des Etats et des régulateurs du monde entier. Au point qu'on commence à douter qu'elle voie le jour. C'est peu dire qu'on a connu lancement plus euphorique. Le 14 octobre, le consortium d'entreprises portant la libra, la désormais fameuse cryptomonnaie mondiale imaginée par Facebook, se réunissait officiellement pour la première fois à Genève. Une petite sauterie qui devait, symboliquement, poser la première pierre de cet ambitieux projet dévoilé en grande pompe au printemps. Oui, mais voilà : en à peine quinze jours, cette devise numérique censée révolutionner le paiement a sérieusement pris du plomb dans l'aile. Déjà allègrement pilonnée par les autorités publiques, elle est désormais lâchée par ses soutiens de la première heure. Les défections fracassantes des géants Booking et eBay, et, plus grave encore, de PayPal, Visa et Mastercard – trois poids lourds du monde de la finance sur lesquels Facebook comptait pour crédibiliser son projet – ont calmé tout le monde. Les membres qui ne sont pas partis, comme Uber, Iliad ou Spotify, sont dans leurs petits souliers et n'ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Seul le très libéral et technophile Xavier Niel ose encore se payer une tribune pro-libra dans Les Echos... Face aux vents adverses soufflant de tous les continents, l'association Libra – qui a refusé de recevoir L'Express dans ses locaux genevois – envisage d'ores et déjà de retarder le lancement de la monnaie, initialement prévu au second semestre 2020. « A l'échelle d'un projet comme celui-là, reporter de quelques trimestres ne va pas nous poser de problèmes », a tenté de minimiser le Français Bertrand Perez, ancien salarié de PayPal et secrétaire général de l'association Libra. Mais personne n'est dupe. Que s'est-il passé? Comment un projet si prometteur et si ambitieux a-t-il pu passer du Capitole à la roche Tarpéienne en si peu de temps? De prime abord, la libra, qui emprunte son nom à la livre romaine et au signe zodiacal de la Balance, a en effet tout pour plaire. Pour commencer, cette devise permettrait de virer de l'argent à une connaissance à l'autre bout du monde aussi facilement qu'on lui envoie une photo avec WhatsApp ou Messenger. Le consortium, qui inclut des ONG comme la plateforme de microcrédits solidaires Kiva, défend par ailleurs l'intérêt de son innovation pour les exclus du système bancaire. Mais aussi pour les habitants de pays instables soumis à l'hyperinflation, à l'instar aujourd'hui du Venezuela ou du Zimbabwe. Surtout, grâce à la libra, les émigrés pourraient envoyer sans frais de l'argent au pays, plutôt que de passer par des intermédiaires rapaces comme Western Union. Des paiements en temps réel, sans frictions, que demande le peuple? Que s'est-il passé? Comment un projet si prometteur et si ambitieux a-t-il pu passer du Capitole à la roche Tarpéienne en si peu de temps? De prime abord, la libra, qui emprunte son nom à la livre romaine et au signe zodiacal de la Balance, a en effet tout pour plaire. Pour commencer, cette devise permettrait de virer de l'argent à une connaissance à l'autre bout du monde aussi facilement qu'on lui envoie une photo avec WhatsApp ou Messenger. Le consortium, qui inclut des ONG comme la plateforme de microcrédits solidaires Kiva, défend par ailleurs l'intérêt de son innovation pour les exclus du système bancaire. Mais aussi pour les habitants de pays instables soumis à l'hyperinflation, à l'instar aujourd'hui du Venezuela ou du Zimbabwe. Surtout, grâce à la libra, les émigrés pourraient envoyer sans frais de l'argent au pays, plutôt que de passer par des intermédiaires rapaces comme Western Union. Des paiements en temps réel, sans frictions, que demande le peuple?
CRITIQUÉE DES ÉTATS-UNIS À L'EUROPE
Et pourtant, cette monnaie supranationale a provoqué un émoi sans précédent de Washington à Pékin en passant par Delhi, Paris et Berlin. La Chine, qui travaille sur son propre projet de cryptomonnaie, a immédiatement indiqué qu'elle ne l'autoriserait pas sur son territoire. Certes, cela n'a Et pourtant, cette monnaie supranationale a provoqué un émoi sans précédent de Washington à Pékin en passant par Delhi, Paris et Berlin. La Chine, qui travaille sur son propre projet de cryptomonnaie, a immédiatement indiqué qu'elle ne l'autoriserait pas sur son territoire. Certes, cela n'a étonné personne alors que Facebook et son satellite WhatsApp y sont déjà interdits (les Chinois utilisent un VPN pour y accéder). Mais même dans son pays natal, les Etats-Unis, les retours ne sont guère enthousiastes. Lors d'une audition à Washington en juillet dernier, les sénateurs américains ont criblé de critiques David Marcus, l'ancien président de PayPal qui dirige aujourd'hui le projet Libra chez Facebook. Et, après avoir demandé un moratoire au réseau social et à ses partenaires, les élus du Congrès américain devraient recevoir le 23 octobre Mark Zuckerberg, le PDG du fameux réseau social. L'Europe, elle aussi, montre les crocs. «Nous ne connaissons pas les intentions du consortium, mais nous voyons déjà poindre des points problématiques en matière de concurrence, de protection des données et de blanchiment d'argent », indique sobrement un technocrate de la Commission. Plus incisif, le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, fustige « l'idéologie libertarienne qui refuse toute régulation et conteste tout rôle à l'Etat », et s'alarme d'un « danger pour les consommateurs ». « Le pouvoir monétaire est du ressort de la souveraineté des nations, pas d'une quelconque entité privée », ont martelé la France et l'Allemagne dans une déclaration commune à Helsinki, le 13 septembre. Ambiance. Concernés au premier chef par l'apparition d'une devise numérique concurrente du dollar, de la livre et de l'euro, les régulateurs se montrent particulièrement fébriles. Mi-septembre, pas moins de 26 banques centrales se sont rendues à Bâle pour rencontrer les représentants de Libra. Du jamais-vu. Il faut dire que les autorités craignent qu'une bonne partie des flux financiers échappent à leur radar. Sans parler de l'impact potentiel d'une défaillance de la devise numérique sur le système financier – dans le scénario noir où un mouvement de panique amènerait tous les détenteurs à revendre en même temps leurs libras. De fait, avec leur base d'utilisateurs de 2,7 milliards de personnes, la galaxie Facebook et ses vaisseaux amiraux Messenger, WhatsApp et Instagram feraient rapidement de la libra un acteur too big to fail (trop gros pour faire faillite), et ce serait aux banques centrales de secourir le réseau en cas de problème, tout comme elles avaient sauvé les banques lors de la crise financière de 2008. Ce qui ne les enthousiasme guère. La Banque centrale européenne a d'ailleurs été très claire. « La barre sera mise très haut pour l'approbation réglementaire », a prévenu le Français Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE. « Il s'agit aussi d'une question de démocratie, pas seulement d'une question économique », a souligné Bruno LeMaire, à l'issue du G7 Finances qui s'est tenu la semaine dernière à Washington sous présidence française. David Marcus, soucieux de montrer patte blanche, a assuré que la nouvelle monnaie virtuelle ne serait lancée qu'une fois conforme aux réglementations internationales.
PROTECTION DES DONNÉES
On touche là un point sensible, car la politique monétaire relève de la souveraineté des nations, par le biais des banques centrales. Bien que théoriquement indépendantes, ces dernières entretiennent des liens étroits avec les gouvernements, comme l'ont encore illustré les pressions de Donald Trump sur la Réserve fédérale pour qu'elle baisse ses taux directeurs. D'autre part, peut-on imaginer un instant que l'Oncle Sam laisse le dollar, son principal levier de négociation sur la scène internationale, se faire concurrencer par une nouvelle monnaie échappant à son contrôle? Le département de la Justice américain peut en effet se saisir de tous les dossiers où les transactions ont été réalisées en dollars, et sanctionner n'importe quelle entreprise dans le monde. BNP Paribas a ainsi dû payer une amende de 8 milliards d'euros pour avoir violé l'embargo américain contre Cuba, l'Iran et le Soudan. Et il ne faut pas non plus oublier la problématique de la protection des données. Affaire après affaire, Facebook a perdu toute crédibilité dans sa capacité à protéger les informations personnelles de ses utilisateurs. Le scandale Cambridge Analytica est encore dans tous les esprits. Le réseau social assure qu'il n'aura pas accès aux données de son entité Calibra, celle qui conçoit le portefeuille numérique servant à stocker et à utiliser les libras. Le groupe de Menlo Park bâtirait donc une muraille de Chine entre cet outil directement intégré dans Messenger, WhatsApp et Instagram et les autres filiales, mais on peut sérieusement douter de son étanchéité. Car la tentation sera grande. Imaginez qu'en plus de vos likes et de vos partages, Facebook analyse vos achats. Le réseau social connaîtra alors tout de vos goûts et de vos dégoûts, et pourra proposer aux annonceurs des publicités encore mieux ciblées, vendues à prix d'or. Ce qui ne fera qu'aggraver son quasi-monopole sur la publicité en ligne (avec Google). « La course à la donnée se fait désormais par le paiement. En ce sens, Facebook ne fait qu'imiter les chinois Alibaba, avec Alipay, et Tencent, avec WeChat Pay », pointe Julien Maldonato, associé chez Deloitte. Le futur se dessine peut-être en Chine, où la moitié des paiements en boutique se font via ces deux applis. Il n'est donc pas absurde d'imaginer que, dans dix ans, la monnaie développée par Facebook devienne le moyen de paiement privilégié des consommateurs occidentaux. Mais même dans ce cas de figure, faut-il céder à la panique ? « Libra est un système instantané de paiement solide et sans frictions, ni plus ni moins », minimise l'association Libra contactée par L'Express. Surtout, contrairement au bitcoin, à l'ether et aux autres cryptomonnaies, la devise numérique n'est pas construite à partir de rien. Elle sera indexée sur un panier de monnaies traditionnelles : 50 % de dollars, 18 % d'euros, 14 % de yens, 11 % de livres sterling et 7 % de dollars singapouriens. Pour chaque libra émise, Facebook devra donc garder en réserve une unité de ce panier de devises. « Cela ne fera pas disparaître les devises officielles, cela vient simplement accélérer la digitalisation des paiements – au même titre que PayPal ou Lydia, mais à une échelle potentiellement bien supérieure », résume Nathalie Janson, professeure d'économie à Neoma Business School, spécialiste des cryptomonnaies.
ZUCKERBERG VICTIME DE SON HUBRIS?
Avant d'opérer une transaction, les utilisateurs devront virer de l'argent de leur compte bancaire à leur compte Libra.« Il n'y a donc pas de création monétaire, du moins tant que Libra ne vend pas de services de crédit », explique François Meunier, professeur de finance à l'ENSAE Paris. « La Banque de Chine impose à Alipay et WeChat de placer 100 % de leurs réserves auprès d'elle pour pouvoir les contrôler. La BCE et la Fed pourraient tout à fait procéder de la même manière », poursuit l'économiste. Quant à l'accusation de favoriser les activités illicites ou le crime organisé, elles ne tiennent pas la route. Le porte-monnaie Calibra est enregistré auprès du régulateur américain et a déjà obtenu des licences dans huit Etats américains. « La blockchain prévue par Libra n'est pas totalement anonyme, Calibra pourra tracer les flux en cas de besoin pour repérer les transactions frauduleuses », précise Nathalie Janson. Au final, la grande erreur de Facebook aura certainement été de créer une nouvelle monnaie plutôt que de se contenter d'une fonctionnalité de paiement interne à son écosystème (comme l'a fait WeChat). « Il y a ici une sorte d'imprudence et même d'arrogance de la part de Facebook, alors même qu'un nombre croissant de personnes, dont des candidats démocrates à la présidentielle de 2020, exigent son démantèlement », souligne François Meunier. Mark Zuckerberg est-il victime de son hubris? Va-t-il paradoxalement précipiter le démembrement de sa propre société? Ou, plus sournoisement, a-t-il lancé Libra pour détourner l'attention? Pour affoler les régulateurs en annonçant une monnaie supranationale, essuyer les critiques, faire machine arrière, introduire une simple fonction de paiement, qui passe comme une lettre à la poste, et envahir in fine encore un peu plus nos vies? Les cyniques apprécieront. T. L.
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