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Stabilité économique : l'Afrique et le piège de la dette

12/09/2025
Source : ORISHAS FINANCE
Catégories: Secteurs

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L'Afrique est confrontée à une crise d'endettement préoccupante, avec de nombreux pays surendettés qui consacrent des ressources publiques importantes au service de la dette plutôt qu'aux services sociaux et au développement. Pour sortir de cette spirale infernale de la dette, décideurs politiques, institutions multilatéralles, syndicalistes, Société civile, féministes, dirigeants de jeunes et militants de la diaspora préconisent non seulement, des réformes pour remédier aux systèmes de crédit mondiaux, mais également, une justice réparatrice afin de renforcer la souveraineté budgétaire.

 

Aujourd'hui, vingt-trois pays africains se retrouvent en situation de détresse financière et trois d'entre eux se sont retrouvés en défaut de paiement ou ont demandé une restructuration formelle de leur dette, selon la Banque mondiale. Parmi eux, le Ghana et la Zambie, qui ont fait défaut, ainsi que le Malawi et le Tchad, sous assistance du Fonds monétaire international (FMI). L’Ethiopie, placée en « défaut partiel » par l’agence de notation Fitch en décembre, négocie également un plan d’aide.

Au total, les pays africains ont une dette de plus de 1 800 milliards de dollars, selon l’ONU ; ce qui réduit considérablement les dépenses essentielles dans les infrastructures, l'éducation, et la santé. La hausse est estimée à 183 % depuis 2010. Le secteur privé étant devenu leur principal créancier : 42 % en 2022, contre 38 % pour les institutions multilatérales (FMI, Banque mondiale...) et 20 % pour les partenaires bilatéraux, principalement la Chine (11 %). En 2024, les pays africains ont déboursé près de 90 milliards de dollars pour le service de la dette, soit presque le double de l’aide étrangère reçue et plus que les budgets annuels santé-éducation réunis de nombreux États.

Alors que cette situation pèse lourdement sur leurs économies, plusieurs experts pointent la situation alarmante de l’Afrique subsaharienne, qui traverse « la pire crise de son histoire » et où la hausse des taux d’intérêt et le surendettement empêchent de nombreux Etats de financer leur développement.

 

Des initiatives …

Le continent explore des mécanismes de financement innovants pour regagner une souveraineté économique mise à mal. Réunis sous l’égide du G20 en janvier 2024, les créanciers publics occidentaux et plusieurs partenaires ont tenté de trouver des compromis pour restructurer la dette de 40 Etats africains.

Lors de la première conférence de l'Union Africaine (UA) sur la dette qui s'est tenue à Lomé, au Togo, en mai 2025, les dirigeants et les experts ont proposé des réformes concrètes pour faire face à l'augmentation du surendettement sur le continent. L'accent a été mis sur l'alignement des pratiques d'endettement sur les objectifs de développement nationaux.

A l’occasion, Moses Vilakati, commissaire en exercice de l'UA pour le développement économique a déclaré qu’il s'agit de mettre en place des cadres nationaux solides pour la gestion de la dette, améliorer la transparence et veiller à ce que tous les emprunts soutiennent un développement transformateur et inclusif.

Cette conférence a proposé une série d'initiatives, dont la création d'une agence africaine de notation de crédit, une utilisation plus large des financements mixtes et des obligations vertes, et le renforcement du contrôle législatif des emprunts publics.

L'évaluation du cadre commun de traitement de la dette du G20 a également été au cœur de la conférence. Introduit en 2020, ce cadre a été conçu pour coordonner l'allègement de la dette des pays à faible revenu, en particulier dans le sillage de la pandémie de COVID-19. Cependant, sa mise en œuvre a connu des retards et une participation limitée.

Pour renforcer l'efficacité des mécanismes de la dette mondiale, l'UA a proposé des réformes ciblées du cadre commun. Il s'agit notamment d'exiger la participation des créanciers privés, de mettre en place des mécanismes d'exécution pour une action coordonnée, de rationaliser les processus de négociation et de créer des incitations à la coopération en temps utile.

La conférence et Assemblée générale annuelle du Waapac qui s’est tenu du 8 au 10 septembre s’est attelée à outiller les commissions parlementaires pour garantir transparence, légalité et efficacité dans la gestion des emprunts publics. Selon le ministre nigérian des Finances et ministre coordinateur de l’Économie, M. Wale Edun, l’Afrique a besoin d’efforts parlementaires pour relever les défis de la dette dans le pays. « Nous devons agir de manière décisive pour renforcer la surveillance, approfondir la discipline physique et garantir que les ressources publiques fournissent des valeurs réelles et mesurables et des installations adaptées aux besoins de notre population », a-t-il déclaré.

Le président de la Chambre des représentants, M. Tajuddeen Abbas, a déclaré que la surveillance de la dette publique est un devoir démocratique et une responsabilité morale du pouvoir législatif. « Nos parlements doivent veiller à ce que chaque décision d'emprunt reflète la prudence, la transparence et l'intérêt collectif de nos citoyens », a souligné M. Abbas.

 

Vers la reconstitution du Fonds africain de développement

Selon le directeur exécutif du Forum africain sur la dette et le développement (AFRODAD), Jason Braganza, la dépendance des pays africains vis-à-vis du financement privé a exacerbé les taux actuels d'endettement et entravé les efforts visant à reconstituer le Fonds africain de développement (FAD). Il est donc crucial que la recherche d'alternatives inclue le processus de financement du développement. D’où la reconstitution du Fonds africain de développement a été proposée lors du dialogue présidentiel, comme une solution dirigée par les Africains pour éviter une dépendance excessive au financement privé.

La nouvelle donne c’est de faire en sorte que le capital de l'Afrique fonctionne mieux pour le développement de l'Afrique. Le FAD, qui fournit des financements concessionnels et une assistance technique aux pays africains, pourrait jouer un rôle crucial dans le développement économique et social. Son renforcement permettra de mieux soutenir les projets de développement, d'accroître la résilience des pays face aux chocs, et de favoriser une croissance inclusive et durable en Afrique. En renforçant le FAD et en réduisant la dépendance excessive au financement privé, l'Afrique pourra bénéficier de financements plus durables, plus stables et plus adaptés à ses besoins de développement, tout en promouvant une croissance inclusive et durable pour tous.

 

L’engagement de la société civile

La société civile et les journalistes doivent davantage souligner le rôle des pays africains dans l'augmentation ou la stimulation de leurs contributions au FAD, surtout dans le contexte actuel où les principaux contributeurs traditionnels au Fonds, en particulier les cinq premiers pays du Nord global, dont les États-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni, sont susceptibles de réduire leurs contributions en tant que donateurs. « Nous devrions soutenir des initiatives comme le FAD et ce qu'il peut apporter. C'est une opportunité pour les journalistes de faire passer ce message, mais aussi d'encourager la Banque africaine de développement (BAD) elle-même à augmenter ses contributions au Fonds, car traditionnellement, elle n'a pas été un contributeur principal », a indiqué Jason R. Braganza. Actuellement, la Banque contribue à hauteur d'environ 1 %, il y a donc une opportunité pour elle de montrer son soutien.

La Banque a lancé un plan stratégique pour l'engagement de la société civile, qui inclut la réforme de l'architecture financière mondiale. De plus, la Banque prévoit de publier un rapport plus tard en octobre, compilant les perspectives de la société civile sur ce à quoi pourraient ressembler ces réformes d'un point de vue africain. Cela démontre selon Jason R. Braganza, l'engagement de la Banque à adopter certaines des recommandations de la société civile.

Par ailleurs, un mouvement panafricain a été mis en place pour l'annulation de la dette et pour la justice commerciale. Ce rassemblement vise à mettre en évidence les effets dévastateurs des accords de prêt et des facilités de crédit injustes qui ont aggravé le sous-développement sur tout le continent. Ce mouvement est l’œuvre de plusieurs organisation panafricain telles que le Forum et réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD), l’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (CSI-Afrique), le réseau de la campagne Stop the Bleeding, le Congrès des syndicats du Ghana (TUC), le Front progressiste panafricain (PPF), pour ne citer que ceux-là.

 

Félicienne HOUESSOU


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