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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreA six mois de la fin de son mandat et alors qu’un nouveau règlement vient d’être adopté, le patron de la BVC
livre une analyse lucide des réussites et des blocages de la place marocaine.
Directeur général de la Bourse de Casablanca (BVC) depuis 2009, Karim Hajji achèvera son mandat en
mars 2020. Arrivé aux manettes de la place financière en pleine crise du marché des capitaux, il avait
auparavant fondé et dirigé pendant dix ans la banque d’investissement Atlas Capital, après avoir travaillé
pour le holding royal et mené une première carrière dans l’industrie pharmaceutique en Europe et aux
États-Unis. S’il avait souhaité convaincre davantage de sociétés publiques de s’introduire en Bourse, le
financier souligne la performance de Casablanca, troisième place africaine en nombre d’introductions (6 pour
75 cotées, et une capitalisation de 600 milliards de dirhams – 55 milliards d’euros) derrière Le Caire et
Johannesburg sur les cinq dernières années. Reste qu’aucune entreprise n’est venue s’ajouter à cette liste
en 2019 quand son patron en attendait au moins deux, et que la capitalisation de la place stagne sur les
douze derniers mois. Pour aller de l’avant, il vient de la doter d’un nouveau règlement qui lui offre plus
d’indépendance et donc de souplesse dans son fonctionnement. Président depuis novembre 2018 de
l’African Securities Exchanges Association, qui fédère vingt-sept Bourses africaines, Karim Hajji analyse avec
lucidité, mais non sans ambition, la performance de la place financière.
La Bourse de Casablanca vient d’opter pour un nouveau règlement général. Pourquoi est-ce important ?
Karim Hajji : Avant l’adoption de ce nouveau règlement, les principales dispositions relatives aux conditions
d’accès et de séjour à la Bourse de Casablanca étaient inscrites dans la loi. Cela manquait évidemment de
souplesse. Aujourd’hui, la Bourse, qui gère le nouveau règlement général, gère aussi les produits qui
peuvent être cotés sans repasser par le circuit législatif. Nous avons aussi simplifié la structure du marché et
détenons maintenant deux marchés, au lieu de trois compartiments. Un marché principal réservé aux
grandes entreprises et un autre consacré aux PME, qui est une nouveauté très attendue. Dans ce dernier,
les entreprises bénéficieront de règles assouplies, notamment concernant les rapports financiers. Nous
avons aussi, et c’est nouveau, la possibilité d’exiger une part minimale de capital à introduire en Bourse pour
les sociétés qui veulent être cotées. Cette disposition va améliorer la liquidité (capacité à échanger des
actions) des entreprises qui seront cotées à l’avenir.
L’adoption de ce règlement prévoit aussi des dispositions pour les entreprises non cotées.
En effet. Casablanca peut désormais proposer une plateforme pour que les investisseurs puissent échanger
les titres d’entreprises non cotées. Cela inclut les prises de participation réalisées par des fonds de
capital-investissement. Il sera aussi possible de mettre en place une plateforme pour échanger les titres de la
dette publique. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre.
Depuis plusieurs années, la BVC enchaîne des performances timides. 2019 risque-t-elle de suivre la même
tendance ?
Cette année devrait bien se terminer grâce à la mise sur le marché de 8 % de Maroc Telecom, auparavant
détenu par l’État. Mais il faut rester prudent. Il est évident que l’on peut toujours faire mieux, même si la
conjoncture n’est pas forcément porteuse.
Comment la BVC peut-elle mieux faire et pleinement jouer son rôle dans l’économie marocaine ?
On aimerait qu’elle y contribue davantage. Plusieurs raisons expliquent cela, à commencer par les taux des
crédits bancaires. Ils sont extrêmement attractifs, et un entrepreneur se tourne en premier lieu vers sa
banque pour se financer. La Bourse n’arrive qu’en complément.
Que manque-t-il à la BVC pour changer la donne ?
La Bourse est là pour accompagner le développement des entreprises, mais encore faut-il que ces dernières
soient ambitieuses, présentent des programmes de développement, notamment à l’international. Nos
entreprises ne peuvent plus se contenter du marché local et demeurer frileuses quand il s’agit d’aller au-delà
des frontières. Les industriels marocains doivent s’inscrire dans une logique de croissance et d’expansion
géographique, et la Bourse est là pour les accompagner. Le programme Elite que nous avons mis en place, il
y a quelques années, a pour vocation d’identifier les entreprises ayant cette volonté et de les aider à exprimer
leur véritable ambition de croissance en leur permettant de recourir au marché des capitaux.
Du côté des entreprises, on assure que le marché des capitaux n’est pas attractif…
Il ne faut pas raconter d’histoires. Il y a des entreprises qui passent leur chemin, car elles ne veulent pas
publier leurs résultats. La transparence pose parfois problème. C’est une réalité, et nous faisons un travail
pédagogique dans ce sens. Nous rencontrons chaque année jusqu’à 200 entreprises pour les inciter à entrer
en Bourse. Ce n’est pas facile, car il y a aussi chez les propriétaires la peur de perdre le contrôle de leur
capital une fois coté.
La présence des banques au tour de table de la Bourse n’est-elle pas un frein à son développement ?
L’idée d’ouvrir le tour de table aux banques, aux assurances, à la CDG (Caisse de dépôt et de gestion du
Maroc), aux intermédiaires boursiers et à Casablanca Finance City Authority était de faire participer
l’ensemble de l’écosystème financier marocain. Le ministère des Finances, à l’époque, a voulu impliquer
toute la sphère du marché des capitaux pour réussir la feuille de route. Personnellement, je trouve le
raisonnement très pertinent.
Mais les banques ont-elles intérêt à ce que les entreprises préfèrent aller sur le marché des capitaux plutôt
que de contracter des crédits ?
Les banques n’ont pas pour seule activité l’octroi de crédits, elles sont aussi présentes dans les activités de
marché, que ce soit pour leur compte ou pour celui de leurs clients. Par ailleurs, nous pouvons démontrer
que les entreprises qui s’introduisent en Bourse à travers une augmentation de capital recourent par la suite
davantage à des emprunts. La Bourse ne remplacera jamais le financement bancaire, mais elle le complète.
Plusieurs études montrent qu’un marché des capitaux liquide et développé permet de gagner 2 points de
croissance. Le Maroc a tout à gagner en aidant la Bourse à atteindre ses objectifs.
La Bourse de Casablanca, comme d’autres places africaines, souffre d’un manque de liquidité. Il y a des
titres qui s’échangent très rarement. Peut-on y remédier ?
Le manque de liquidité pénalise en effet notre place. Cela reflète la prépondérance sur notre marché des
investisseurs institutionnels marocains, qui ont vocation à détenir les titres sur le long terme et manquent
d’actions de qualité. Nous avons des discussions avec les dirigeants des entreprises dont les titres sont très
peu liquides. Nous essayons de les convaincre de faire des stock splits (diviser le nominal de l’action par 5
ou par 10) ou bien de faire des augmentations de capital ouvertes à de nouveaux actionnaires, mais nous ne
pouvons pas les obliger à opter pour ces solutions. Encore faut-il qu’elles aient des projets de développement
et que leurs actionnaires acceptent d’être dilués. En revanche, nous sommes en train de faire le point sur les
entreprises qui ne sont pas du tout liquides et de les inviter à prendre des mesures, faute de quoi la radiation
de la cote pourrait être envisagée.
Où en est le projet de connexion des Bourses africaines, très attendu par les acteurs du marché ?
Le projet consiste à connecter sept Bourses africaines entre elles : l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Égypte, la
BRVM d’Abidjan, Maurice, le Kenya et le Maroc. L’African Exchanges Linkage Project permettra aux sociétés
d’intermédiation de ces pays d’avoir accès aux cours boursiers et à toutes les informations disponibles sur
les sept plateformes. Ils auront aussi la capacité d’effectuer des transactions. Nous voulons créer davantage
de fluidité dans les relations entre ces acteurs. Nous avons mis en place un Project Management Office et
trois groupes de travail qui gèrent le projet : réglementaire, commercial et technique. Le projet avance bien, et
nous serons prêts d’ici au début de l’année prochaine.
La Bourse voulait aussi séduire des entreprises africaines. Pourquoi n’ont-elles pas répondu à votre appel ?
Nous avons une tunisienne, Ennakl, mais nous ne comptons pas nous arrêter là. Il faut néanmoins qu’il y ait
un accord entre le régulateur marocain et ceux des autres pays. L’Autorité marocaine du marché des
capitaux a déjà signé des conventions avec un certain nombre de ses homologues du continent notamment
avec le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Kenya. Mais ces accords doivent être renforcés pour permettre la
cotation des valeurs issues des pays subsahariens au Maroc.
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