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Afrimarket placé en liquidation judiciaire, les raisons d'un échec

16/09/2019
Source : Les Echos
Catégories: Economie/Forex

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La plate-forme d'e-commerce française, qui opère en Afrique de l'Ouest, n'a pas résisté à la puissance financière de Jumia.
Après huit mois d'audit, les deux fonds en lice pour y investir 20 millions d'euros se sont retirés.
Au pays des start-up, l'histoire ne se termine pas toujours bien… Dernier exemple en date avec la demande

de mise en liquidation judiciaire effectuée par Afrimarket auprès du tribunal de commerce de Paris. Une
décision qui s'est imposée aux fondateurs, Rania Belkahia et Jeremy Stoss, après que ses nouveaux
investisseurs potentiels ne ont fini par se retirer du processus
de levée de fonds fin juillet dernier.
La start-up parisienne, qui opère l'une des toutes premières places
de marché e-commerce en Afrique de
l'Ouest
, voulait réunir des capitaux frais pour nourrir sa croissance et se donner une chance de résister au
géant Jumia, qui a levé près
de 200 millions de dollars lors de son introduction au New York Stock Exchange
en avril dernier, explique aux « Echos » Rania Belkahia : « Dans le courant
de l'année dernière, nous avons
commencé à chercher des investisseurs pour un tour
de table de 20 millions d'euros et nous sommes entrés
en discussion avec plusieurs fonds. Nous étions en DueDil [process d'audit pré-levée] avec plusieurs acteurs.
Deux d'entre eux se sont positionnés dans la dernière ligne droite, mais nous ont lâchés au milieu
de l'été. Le
principe d'une start-up est que si, on ne la
finance pas, elle s'arrête. »
Un marché pas assez mature
La chute est rude pour les fondateurs
de la pépite, qui avaient misé dans son développement un total de 50
millions d'euros depuis 2013, via des levées
de fonds (13,5 millions au total), des concours bancaires et son
chiffre d'affaires. « Nos investisseurs historiques nous ont soutenus depuis le début et durant les huit mois
de
la période d'audit auprès des fonds intéressés, mais, après, il n'y avait plus de trésorerie… » En liquidant son
activité, l'entreprise laisse 250 personnes sans emploi, dont une trentaine en France. Le PDG et la présidente
d'Afrimarket veulent les accompagner durant cette période
de transition, notamment ceux présents sur le
continent africain. Pour les Français, l'avenir paraît plus clairement tracé puisque leur expérience acquise
dans l'e-commerce est très recherchée. D'ailleurs, certains ont déjà rejoint d'autres acteurs comme Amazon.
Mais qu'est-ce qui explique cette fin brutale, qui vient rappeler que le modèle des start-up repose d'abord sur
une très grande prise
de risque. Tout d'abord la maturité du marché : l'e-commerce, extrêmement
encourageant en
Afrique, n'a pas encore délivré toutes ses promesses et se heurte encore à des
complexités opérationnelles qui finissent par peser dans le bilan comptable.
Ensuite, la frayeur des investisseurs, qui estiment que seul un grand acteur peut réellement émerger et
s'imposer, ce que Jumia a su concrétiser en se finançant massivement sur le marché boursier américain.
Enfin, le modèle
de croissance, qui repose sur des investissements très importants. Sur ce point, Rania
Balkahia explique avoir mal évalué les besoins réels en capitaux : « Nous avions tous conscience que ce
marché
de l'e-commerce en Afrique requiert beaucoup de capitaux et il en aurait fallu dix fois plus pour y
arriver. Il nécessite des moyens colossaux pour l'évangéliser et le stimuler. »
Malgré ce manque
de confiance et de fonds fléchés vers le continent au 1,3 milliard d'habitants, la start-up
avait pourtant réussi à assurer une belle ascension durant les quatre dernières années : le volume d'affaires

de sa plate-forme a fini par atteindre 30 millions d'euros en 2018, contre 250.000 euros en 2015, et elle avait passé la barre du demi-million de clients depuis ses débuts. Elle avait aussi réussi à réduire ses coûts
d'acquisition par huit et atteint une marge brute positive. Mais cela n'aura pas suffi à la jeune pousse
prometteuse, mais confrontée à la réalité d'un système pas encore suffisamment mature pour la soutenir
davantage.
Ce qui laisse forcément un goût amer à la présidente d'Afrimarket, qui veut terminer l'aventure avant
de
tenter une nouvelle expérience sur la base de ses acquis, tout en méditant sur la phrase de Winston
Churchill, qui résonne désormais en boucle dans sa tête : « Le succès c'est d'aller d'échec en échec sans
perdre son enthousiasme. »

 


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