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Emergence des Mobiles Money en Afrique : un levier pour l’inclusion financière

25/07/2025
Source : ORISHAS FINANCE
Catégories: Economie/Forex Secteurs

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Les solutions innovantes de la technologie financière ont remodelé le paysage financier, notamment sur les marchés émergents où l’infrastructure bancaire traditionnelle semble être limitée. Parmi ces innovations révolutionnaires, l’argent mobile se distingue comme un catalyseur de l’inclusion financière.

 

Pierrette COLICO

Contrairement aux services bancaires conventionnels, l'argent mobile s’impose et devient de plus en plus, un service financier courant même dans les zones aux infrastructures limitées. Les principales plateformes offrent une large gamme de services, notamment le paiement de factures, les transactions marchandes et l’accès aux produits de crédit et d’assurance. Selon le rapport Global Findex 2025 du Groupe de la Banque mondiale, plus d'adultes que jamais dans les pays à revenu faible ou intermédiaire possèdent désormais des comptes bancaires ou d'autres comptes financiers, ce qui entraîne une augmentation de l'épargne formelle. Cette évolution a été motivée par les progrès technologiques, le soutien réglementaire et les partenariats stratégiques entre les fournisseurs de technologies financières, les opérateurs de télécommunications et les institutions financières.

Plusieurs études et données empiriques, tel que GSMA Mobile Money, ont souligné l'impact social et économique positif de l'argent mobile sur les particuliers, les ménages et les entreprises. Ces exemples montrent que l'argent mobile peut réduire les coûts de transaction pour les utilisateurs et aider les ménages à gérer leur trésorerie, leur permettant ainsi de lisser leur consommation et de gérer les risques face aux chocs.

Selon le document de la Banque mondiale, 40 % des adultes des économies en développement ont épargné sur un compte financier en 2024, soit une augmentation de 16 points de pourcentage depuis 2021 et la hausse la plus rapide depuis plus d'une décennie. L'augmentation de l'épargne personnelle, par le biais des banques ou d'autres institutions formelles, alimente les systèmes financiers nationaux, ce qui rend plus de fonds disponibles pour l'investissement, l'innovation et la croissance économique. En Afrique subsaharienne, l'épargne formelle a augmenté de 12 points de pourcentage pour atteindre 35 % des adultes.

Global Findex 2021 indique que la Tanzanie a été l'un des premiers pays à adopter l'argent mobile, introduit dans le pays en 2008. En 2014, première année où Global Findex a collecté des données sur les comptes d'argent mobile, 32 % des adultes en possédaient un, contre seulement 19 % d'un compte bancaire. En 2021, 52 % des adultes tanzaniens possédaient un compte, quel qu'il soit. La possession d'un compte bancaire n'a connu qu'une légère augmentation, atteignant 23 % des adultes, et celle d'un compte d'argent mobile atteignant 45 %.

Le rapport GSMA mentionne pour sa part qu’au Cameroun, 24 331 milliards FCFA de dépôts, transferts et retraits d'argent ont été enregistrés en 2023, soit le triple de l'activité en 5 ans. Une croissance qui participe à doper l'inclusion financière dans ce pays où l'accès aux services bancaires reste limité pour certaines couches de la population.

Par ailleurs, l’UEMOA illustre parfaitement la transformation du paysage financier ouest-africain. Entre 2018 et 2022, la région a enregistré plus de 110 millions de nouveaux comptes, dont 60 millions sur les deux dernières années. Cette progression spectaculaire a permis de faire passer le taux d’inclusion financière de 56% à 71%. En effet, au Togo, le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile, qui a atteint 7,98 millions d’utilisateurs au premier trimestre 2025, soit une hausse de 10% en un an et de 4% en seulement trois mois. Ce chiffre place le mobile comme canal de communication dominant, mais aussi comme vecteur de services numériques dans les zones urbaines et rurales. Selon les résultats de la dernière enquête Afrobaromètre, la principale organisation de recherche par enquête en Afrique, seulement un adulte togolais sur quatre possède un compte bancaire. Cependant ils sont trois fois plus à utiliser des comptes mobiles money pour leurs transactions financières.

Au Sénégal, alors que seulement 6% des femmes utilisent un compte bancaire traditionnel pour épargner, près de 24% ont recours au mobile money. Cette tendance se retrouve dans d’autres pays comme le Kenya, l’Ouganda et la Zambie.

 

Selon le rapport annuel de l'Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep) Bénin, les transactions effectuées via le mobile money ont totalisé 3.430,1 milliards de francs CFA à la fin de l'année, enregistrant ainsi une hausse significative de 31% par rapport à 2022. Trois acteurs principaux MTN Mobile Money SA, Moov Money SA et Coris Bank International se partagent le secteur au Bénin. Les utilisateurs ont pu bénéficier d'une large gamme de services, incluant le dépôt et le retrait d'argent, l'achat de crédit téléphonique, les paiements de salaires, les transferts entre particuliers et les transactions internationales.

Le mobile money semble faire partie du quotidien des Ivoiriens. Avec un taux de pénétration de 76,9% au 1er trimestre 2021, la Côte d’Ivoire se positionne comme le leader de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Certes, la majorité de ses utilisateurs actifs optent encore pour l’achat de crédit téléphonique et les opérations de transfert d’argent de personnes à personne (P2P). Mais les autres usages tels que les paiements de factures via mobile money sont en augmentation constante, tout comme les paiements des frais de scolarité dans l’enseignement secondaire.

 

Impact de l’argent mobile sur les PIB en Afrique

 

En Afrique, à fin 2023, le PIB cumulé des pays disposant de services de mobile money était de 720 milliards de dollars plus élevé qu'en l'absence de tels services, selon des modélisations réalisées par la GSMA. Cela équivaut à une augmentation du PIB de 1,7% de ces pays, grâce à l'argent mobile. L’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest ont en commun un niveau élevé de contribution du secteur du PIB. Sur la base des données récoltées de 2013 à 2022 dans le monde, GSMA a constaté que le secteur du mobile money avait contribué à hauteur de 600 milliards de dollars au PIB des pays disposant de services de mobile money au cours de cette période soit une augmentation du PIB de 1,5 % à la fin de 2022.

Intitulé « The State of the Industry Report on Mobile Money 2025 », le rapport 2025 de la GSMA indique qu’au Cameroun, le secteur du Mobile Money contribue à 5% du Produit intérieur brut (PIB). Selon le document, « cette performance est réalisée dans un contexte fiscal de plus en plus contraignant ». Pour ce qui est des transactions effectuées via le mobile money, elles ont atteint 24.331 milliards de FCFA en 2023, en hausse de 38,2% en glissement annuel. Cette tendance haussière s’étend à la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), zone économique à laquelle le Cameroun appartient avec la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. Ainsi, selon des statistiques officielles de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), le Cameroun est le leader du secteur de la monnaie numérique avec près de 25 millions de comptes enregistrés, soit 62% des comptes actifs de la sous-région. « En Afrique centrale, le Cameroun, le Congo et le Gabon ont chacun enregistré une contribution comprise entre 5% et 8%. En Afrique australe, où le mobile money est moins implanté, sa contribution au PIB reste généralement inférieure à 5% », détaille le rapport de GSMA.

« Le mobile money a eu un impact plus important sur le PIB des pays d'Afrique de l'Ouest que sur le reste du continent. (...) Au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Ghana, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Sénégal et au Libéria, le mobile money a contribué à plus de 5% du PIB. En Afrique de l'Est, il a contribué à plus de 5% au PIB du Kenya, du Rwanda, de l'Ouganda et de la Tanzanie » indique le même document.

Le mobile money a un impact significatif sur le PIB en Côte d’Ivoire. Il contribue à plus de 5% du PIB selon le rapport de GSMA. Le même document indique que les transactions de mobile money en Afrique, et plus particulièrement en Côte d'Ivoire, ont connu une croissance importante, avec une valeur atteignant 1105 milliards de dollars en 2024. Cette croissance est tirée par adoption accrue des services de mobile money pour diverses transactions, notamment les paiements marchands, les paiements de factures et les transferts d’argent.

 

Quelques défis majeurs pour les utilisateurs de mobile money

Les utilisateurs des services mobiles money sont confrontés à plusieurs défis. Il s’agit notamment de l’augmentation des taxes sur chaque retrait ou transfert d’argent. Actuellement, 15 pays africains, taxent de différentes manières les services de mobile money : le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Centrafrique, la RDC, le Tchad, la République du Congo, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Nigeria, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe. Les systèmes de taxation du secteur varient d’un pays à l’autre en termes d'assiette fiscale, de types de transactions taxées, et d'exonérations. Ainsi, la base d’imposition pourrait être la valeur des transactions réalisées par les utilisateurs, les frais facturés par les fournisseurs de services ou encore le chiffre d'affaires des opérateurs de téléphonie mobile. À l'exception de la Tanzanie, où les retraits à partir de portefeuilles mobiles (cash out) sont soumis à trois taxes différentes, le taux effectif de taxation se situe généralement à moins de 1 % du montant de la transaction.

Depuis le 1er janvier 2025, les Camerounais utilisant les services de Mobile Money doivent s’acquitter de frais supplémentaires pour chaque retrait ou transfert d’argent. Conformément à la nouvelle loi de finances 2025, une taxe spécifique de 4 FCFA par transaction a été instaurée, s’ajoutant à la taxe de 0,2 % sur les transactions électroniques, en vigueur depuis 2022.

Au Bénin, toute transaction en espèces supérieure à 100 000 FCFA est soumise à un prélèvement de 1 % du montant total depuis le 1er janvier 2025. Cette mesure, autrefois appliquée uniquement aux entreprises, est désormais généralisée à tous les citoyens. Depuis le vendredi 4 juillet 2025, MTN Bénin revoit à la hausse ses frais de retrait Mobile Money. Désormais, MTN Bénin applique une nouvelle grille tarifaire Mobile Money, augmentant ainsi les frais pour les petits et moyens retraits de 25FCFA sur les tranches 5015000, 500110000 et 1000120000 FCFA.

En dehors de la taxation des services mobile money, les utilisateurs sont aussi exposés aux tentatives de fraudes et d’arnaques, puis des difficultés à effectuer les transactions en raison de la mauvaise qualité du réseau GSM ou de la connexion internet.


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